Les Moto Morini Corsaro 125, peu connues du public motocycliste d’aujourd’hui, étaient – et sont toujours - des petites machines fort attachantes.

Conçu au départ et en période de vaches maigres pour répondre à une forte demande de petits véhicules utilitaires et économiques (et succédant au Sbarazzino 98 cc), le Corsaro 125 connut un vrai succès en Italie dès son arrivée en 1959. Les fées Efficacité, Simplicité et Fiabilité s’étant penchées très tôt sur son berceau, il était bien né. Son succès fut renforcé notamment par l’exportation, la marque étant représentée jusqu’outre Atlantique.

En France, durant de nombreuses années de bons et loyaux services, le Corsaro portera fièrement les couleurs de la Poste.

Dès le début des années 60’ jusqu’à celui des 70’, le succès du Corsaro poussa l’usine à le faire évoluer et à conquérir un public jeune, avide de liberté et de sportivité. Les nombreux titres conquis en courses de régularité contribuèrent beaucoup à son succès, ainsi que la participation de jeunes pilotes à des courses de vitesse sur des Corsaro préparés à cet effet. L’usine produisit d’ailleurs une version « compétition client » de son Corsaro 125 pour les courses de vitesse, ainsi que de véritables machines à gagner aux ISDT internationaux (les magnifiques « Regolarita casa » 100, 125 et 165 cc, auréolées de nombreux titres au terme de plusieurs saisons consécutives).

C’est ainsi qu’après les premières versions à vocation utilitaire furent construites des versions GT (jusque 150 cc), sportives comme les « Veloce », « Super Sport » et enfin l’ultime version « Special » ou même scrambler, comme le « Country » et pour la compétition, les « Corsaro Competizione » (vitesse) et « Regolarita » (régularité tout terrain, préfigurant l’enduro d’aujourd’hui).

L’arrivée de l’Armada japonaise au début des années 70’, composée de moyennes et grosses cylindrées modernes mais également de nombreuses petites motos équipées de moteurs 2 temps performants, sonna la fin de la récréation pour de nombreuses enseignes européennes, dont quelques-unes seulement subsistent toujours, après avoir connu de sévères tempêtes.

Le Corsaro disparut du catalogue Moto Morini en 1975, pour laisser la place au 125H, de conception plus moderne, sous l’impulsion de l’ingénieur Lambertini, créateur du fameux bicylindre 3 et ½. Mais ceci est une autre histoire.

De par sa conception mécanique simple et éprouvée, conçue jusque dans ses détails pour durer, le Corsaro reste toujours aussi attrayant, quel que soit son millésime. Aujourd’hui encore, son appétit d’oiseau et son entretien simple lui permettraient de cocher de nombreuses cases dans un cahier de charge moderne. Son style est d’ailleurs aujourd’hui copié par la production asiatique qui, surfant allègrement sur la vague du « Neo Retro », singe sans vergogne les « café racers » et « scramblers » italiens des années 60’/70’.

Évidemment, son équipement « street legal » d’époque serait recalé d’office aujourd’hui : le Corsaro était homologué sans indicateurs de changements de direction et sans rétroviseurs. Pas non plus de contacteur de feu stop pour le frein avant. Sans parler de l’indigence de l’éclairage (6 V), à peine suffisant pour être vu, et encore, de pas trop loin. Enfin, son freinage (deux tambours de 125 mm, évidemment sans ABS ni freinage couplé) se révèle complètement dépassé par les conditions de la circulation urbaine d’aujourd’hui.

N’oublions pas la sélection des vitesses passant par le pied droit et le frein arrière actionné par le pied gauche (aux standards de l’époque), qui rebuteront peut-être d’éventuels amateurs n’ayant pas connu ce type de configuration.

Alors, mauvais bulletin, le petit Corsaro ?

Non, bien loin de là.

Les restrictions actuelles, liées au coût de la mobilité ou à la répression de la vitesse, devraient plaider aujourd’hui en faveur du petit Corsaro 125 (ou 150, plus rare), même si son utilisation quotidienne (à limiter au milieu rural) serait peu compatible avec la disponibilité de ses pièces d’usure…

Mais pour celles et ceux qu’une aventure partagée (et épisodique) avec un joli Corsaro intéresserait, quelle qu’en soit sa version, c’est ici que Joël, auteur de ce précieux manuel, deviendrait l’un de vos meilleurs amis !

Joël est passionné par CETTE petite moto (celle-là et aucune autre), depuis un demi-siècle ! Nous sommes quelques amoureux du petit Corsaro sur la planète Moto, mais le plus souvent sans cette exclusivité. Pas que Joël ne puisse s’émouvoir devant une autre belle moto, ancienne ou moderne, non, c’est juste que le Corsaro 125 occupe toute la place dans son cœur !

Alors, Joël est mécanicien, de formation et de carrière, de longue carrière.

Et c’est un méticuleux. Un TRÈS méticuleux.

Il n’est évidemment pas le seul. Mais le problème d’aujourd’hui est que le temps passant très (trop) vite, le savoir-faire et les compétences en mécanique de Joël deviennent rares. Les moteurs d’aujourd’hui n’ont plus guère d’éléments en commun avec ceux d’hier. Ceci sans même aborder le chapitre de l’électronique, évidemment absente sur le Corsaro 125 (l’allumage électronique ne sera monté de série que dans les années 70’ sur l’ensemble de la production moto). Et si les moteurs à 4 temps sont encore produits aujourd’hui (heureusement pour nous, amateurs de belles mécaniques, mais jusque quand ?), leur conception renvoie celle du Corsaro 125 à la Préhistoire.

Les mécaniciens d’aujourd’hui ne sont plus formés au réglage d’une avance à l’allumage, de vis platinées ou de carburation. Ce qui est bien normal, puisque de nos jours, c’est l’électronique qui se charge de tout, notamment de la gestion de l’injection.

Mais Joël, lui, formé « à l’ancienne », connait le moteur du Corsaro 125. Il en connait ses évolutions. Passionné depuis quelques décennies par sa mécanique, Il sait comment l’entretenir, la réparer, la restaurer, la régler, du bas au haut du moteur, de la boite de vitesses à l’embrayage, de l’allumage à la carburation.

Et cerise sur le gâteau… il est pédagogue ! Lors de nos nombreux échanges formateurs, Joël a très vite accepté de partager son savoir faire, de le transmettre, afin que d’autres passionnés puissent soigneusement entretenir et réparer leur petit Corsaro.

D’autres spécialistes, notamment en Italie (mais ils deviennent rares), maitrisent également le sujet de la mécanique des Corsaro 125. Mais les publications sur ce sujet précis étant rares, le manuel de Joël, très didactique et détaillé, écrit en français, parfaitement illustré et accessible à tous, devrait permettre aux amoureux de cette petite diva italienne d’entretenir et même de réparer son petit monocylindre culbuté au grognement si démonstratif et volontaire… 

Dans la rédaction de son manuel, joël s’est donc focalisé sur le moteur du Corsaro 125, un petit bijou mécanique. L’entretien et les réparations éventuelles à effectuer sur la partie cycle (simplissime !) de cette petite moto ne relevant d’aucune spécificité liée au modèle, chacun, avec un minimum de savoir-faire et d’outillage, pourra en assumer sereinement la gestion. 

Bravo Joël et merci à toi ! Et mes petits Corsaro se joignent à moi !

Bruno, petit belge moriniste et ducatiste passionné.